RÉSUMÉ, CONTENU ET ACQUIS
L'UE D « Territoire et Société » a pour objectif de familiariser l'étudiant-e avec les méthodes d’observation et d’enquête sociologique et urbanistique et de lui fournir des outils prospectifs pour analyser les impacts des changements formels sur les activités, la fréquentation et l'image des lieux. L'UED entend développer une réflexion sur les usagers de l’espace urbain et convie les étudiant-e-s à s'interroger sur la manière d'intégrer cette réflexion au projet. L’UED est ainsi l’occasion pour l’étudiant-e d’avoir une connaissance directe des usagers.
Ce travail a lieu individuellement et porte en 2019 sur des contextes en mutation des villes de la Suisse Romande. Après observations et enquêtes sur place, les groupes établissent des rapports de recherche et proposent des réponses spatiales aux questions qui surgissent sur le terrain. Le programme est accompagné de présentations par des architectes et/ ou des urbanistes opérant sur les espaces construits, privés ou publics, et par les acteurs sociaux intervenant auprès des populations étudiées.
CONTENU
Le thème proposé cette année est Mémoires et programmations urbaines. Il s’agira pour les étudiant-e-s et leurs enseignant-e-s d’analyser et de comprendre ,à partir du cas de la Broye et tout particulièrement de son chef-lieu et centre urbain, Payerne, la façon dont les mémoires collectives (pour reprendre l’expression de Maurice Halbwachs (1950)), c’est-à-dire à la fois les « cadres sociaux de la mémoire »,populaire ordinaire, et leurs traces dans l’espace construit, contribuent à « fabriquer de la ville », non seulement dans le présent, en ce qu’elles parviennent à préserver par le souvenir des formes anciennes de la ville, mais aussi dans le futur, en ce qu’elles permettent de projeter à partir du souvenir. D’un point de vue théorique, ces questions s’appuieront sur un corpus de textes relatifs à la Suisse urbaine et en particulier “Portrait d’une Suisse urbaine” de Studio Basel et la notion de métropole horizontale de Paola Vigano appliquée à la Suisse, ainsi que les écrits de Michel Bassand et de son équipe sur le phénomène de métropolisation en Suisse.
Rapportée de manière plus générale à toute ville et tout espace construit, l’idée fondamentale que nous défendons dans cette UE est qu'il est nécessaire, pour que les transformations urbaines ne résultent pas de la seule imposition des acteurs publics ou des entreprises privées, mais aussi des pratiques sociales et spatiales les plus ordinaires de tous les habitants et usagers permanents ou éphémères, - indispensable même, de « convoquer » toutes les mémoires sociales à participer dans le présent à la programmations de telles transformations. Qu’il s’agisse effectivement de la production d’espaces XXL ou XXS, la prise en compte politique et scientifique des mémoires collectives dans leur rapport au processus d’urbanisation détermine fortement les conditions d’un développement urbain durable réel, c’est-à-dire autant matériel que social. Alors que, par l’invention d’un patrimoine historique reconnu dans le projet moderne, le passé et la mémoire individuelle ont été considérés comme des moyens de (re)créer de la valeur foncière, la mémoire collective est désormais un des principaux éléments de projets urbains novateurs, cela en vue d’une nouvelle transition urbaine plus démocratique.
En amont de ces débats, nous proposons de questionner sur trois plans les liens entre une «politique de la mémoire» encore largement à inventer et le développement social de la ville:
>(1) apaisement desrelationsentre passé et futur
>(2) participation des habitants (dans cette perspective, nous ne considérons pas les mémoires collectives comme des biens symboliques, mais comme le moteur d’une politique de la ville devant choisir en permanence ce qu’il faut détruire et ce qu’il faut sauvegarder pour qu’une ville demeure à la fois dynamique et habitable),
>(3) capital social et d’intensité urbaine (en termes d’appropriations, d’urbanité, de sociabilités, etc.).
ACQUIS DE FORMATION
A la fin de ce cours l’étudiant doit être capable de:
- Formuler une problématique et des hypothèses pertinentes pour saisir les rapports entre territoire et société.
- Mener des enquêtes sur les usages et usagers de l’espace public.
- Choisir ou sélectionner des méthodes appropriées pour la vérification des hypothèses formulées.
- Analyser qualitativement et quantitativement les données systématiques recueillies.
- Faire des propositions spatiales tenant compte de l’analyse des résultats d’enquêtes.
Pondération dans l’évaluation :
- Présentation des résultats d’une journée d’immersion : 20%
- Lectures et présentation critique individuelle de textes : 10%
- Présentation intermédiaire : 20%
- Rapport écrit final : 30%
- Présentation finale : 20%