Cet enseignement propose une nouvelle manière de se mettre en relation avec des contextes et/ou des outils en lien avec l'action architecturale et la construction. Il pourra s'agir d'un contexte physique, un site ou un bâtiment, ou d'un outil au service de l'architecte : un concept, une théorie ou l'ensemble des connaissances sur un matériau ou sur une technique de construction. Le postulat initial demande d'abandonner une vision plus ou moins statique du monde, fait d'objets, lieux, connaissances et savoir-faire à préserver et transmettre. En s'appuyant sur les plus récentes théories philosophiques et de physique théorique sur la nature et la structure du monde, on considerera ce dernier comme fait d'événements plutôt que d'objets, dans un système complexe de relations en changement perpétuel sur base probabiliste. Cette vision peut et doit être appliquée au métier de l'architecte tout comme la quatrième dimension est rentrée dans le discours architectural et artistique au début du XXe siécle. Les analyses, les études et même les projets d'architecture sont des événements qui se produisent dans ce système de relations et le modifient.
Les étudiantes et les étudiants seront appelé.e.s à développer un exercice pédagogique consistant en une analyse de lieux, bâtiments, typologies, matériaux ou techniques de construction (« cas d'étude » par la suite dans ce texte) qui se présentent, selon une évaluation préliminaire, comme intéressants pour, selon le cas, le dessin architectural et structurel, l'utilisation des matériaux, l'histoire, la valeur iconographique ou les implications culturelles, sociales et environnementales.
Les cas d'étude seront choisis parmi ceux dont les relations avec la société actuelle et/ou l'environnement sont affaiblies en raison de changements intervenus dans la technique ou dans la société elle-même (le développement de la sensibilité environnementale par exemple), ou, plus simplement, dans le cas de certains bâtiments, parce que le programme était imprécis au moment de leur conception et de leur réalisation. Cette condition est définie comme « crise d'identité » dans le contexte de cet enseignement.
Les cas d'étude seront considérés comme la manifestation phénoménologique, en évolution permanente, des événements et des actions qui les ont concernés. Pour les connaître, les étudiantes et les étudiants de cette UE devront reconstruire, dans la mesure du possible, le réseau des événements qui ont affecté le cas d'étude, les changements qui l'ont modifié, et se concentrer sur la description des manifestations phénoménologiques (soit l'état physique ou existentiel) uniquement des moments qui se seront révélés intéressants pour la compréhension des changements. « On comprend le monde par l'étude des changements et non pas par l'analyse des choses. »* De fait, l'analyse physique d'un bâtiment ou d'un lieu à un moment donné n'est que l'un des outils dans les mains de l'architecte qui s'attelle à imaginer une intervention possible. Et la description physique et technique d'un bâtiment, ou d'un lieu, à un certain moment de son existence, n'est qu'un cliché partiel d'un état d'équilibre transitoire. Pareillement, la fortune critique d'un matériau, tout comme celle d'une théorie architecturale ou d'un style changent au fil du temps. Les étudiantes et les étudiants seront aussi encouragé.e.s à définir leur propre position dans le contexte où elles/ils travaillent, leurs connaissances et leurs objectifs, car ces variables influenceront le résultat final de leur travail.
L'étude se composera d'une analyse et d'une proposition théorique visant à redéfinir l'identité du cas examiné, c'est-à-dire, à lui attribuer un nouveau rôle dans l'environnement matériel, dans le contexte social et/ou culturel actuel. La proposition théorique devra être fondée de manière solide sur l'analyse.
- Professor: Salvatore Aprea
- Professor: Barbara Tirone